mercredi 3 mars 2010

Lorsque nous vivions ensemble / Folles passions

De Kazuo Kamimura – Ed. Kana
L’œuvre de Kazuo Kamimura est conséquente. Je n’avais eu de cesse de louer sa trilogie Lady Snowblood où la violence, l’érotisme et l’émancipation féminine se mêlent avec une fougue passionnante. Le style de Kamimura se démarque dans l’univers du manga par sa précision du dessin réussissant dans une grande modernité à intégrer toute la tradition japonaise des estampes du XVIIIème siècle.
Et dans Folles passions, cette référence est encore plus présente puisqu’il s’attache à raconter les passions amoureuses et artistiques des grands maîtres de l’estampe et notamment Hokusai. Son trait alors se transforme en cette imagerie si caractéristique. Chronique de la vie quotidienne d’un artiste, on suit le maître pendant qu’il compose ses 36 vues du Mont Fuji mais aussi sa fille amoureuse d’un autre peintre, Sutehachi Composé très poétiquement en ellipses, le récit est rythmé par des Haïkus avec un sens de la narration qui rappelle parfois le cinéaste Ozu dans son art de regarder les gens vivre, attendre, discuter. Mais Kamimura n’est pas dans cette tradition japonaise, aujourd’hui très classique. Il porte toujours cette révolte des années 70 que ce soit celle des femmes ou sexuelles. Ces éléments de passions se retrouvent dans son travail mais totalement épurés de tout emballage historique avec Lorsque nous vivions ensemble. Recueil somme d’épisodes parus dans des journaux et contant l’histoire d’un jeune couple dans le Japon contemporain des années 70. Trois volumes volumineux s’attachent à décortiquer avec une patience souveraine les aléas d’un couple, des moments de doutes aux instants de grâce. C’est fait avec une délicatesse de ton, de trait et une fraîcheur de forme comme une crudité de la relation. L’érotisme élément très important dans un couple est ici, et encore une fois, une pièce très importante du récit. Dans notre vie, le sexe est un élément inévitable mais trop souvent tabou ou caché. L’auteur lui veut se défaire de cette anormalité de traitement. C’est une chose comme une autre et il la traite avec attention sans aucune vulgarité. Kazuo Kamimura serait-il alors un sociologue à sa manière des relations amoureuses ? En tout, elles le passionnaient et il nous passionne encore une fois.
JC

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