jeudi 28 janvier 2010

BD - L’affaire des affaires

T. 2 L’enquête, Robert & Astier – Ed. Dargaud

« Si Clearstream est la banque des banques, alors cette affaire est l’affaire des affaires ! » s’exclame Denis Robert dans ce nouveau tome de la bande dessinée consacrée à l’affaire Clearstream. Il y en aura trois en tout, des tomes.
Celui-ci est donc consacré à l’enquête menée par l’ancien journaliste de Libération. L’argent-roi continue de se répandre partout, et sa personnification, mise en place dans le 1, évolue en véritable créature diabolique, et gigantesque. Denis Robert continue d’expliquer comment, tout au long des 202 pages, maniées d’une manière totalement novatrice. Grâce au talent de dessinateur de Laurent Astier, et grâce à l’histoire en elle-même.
« Les banques connaissent les chemins qui mènent au paradis. L’argent ne leur coûte rien, elles le fabriquent. Elles se servent de tes économies pour inventer des produits de plus en plus pointus. Elles gagnent à tous les coups ».
Au début de la bande dessinée, le journaliste rencontre au Luxembourg Ernest Backes, ancien responsable de l’informatique de la chambre de compensation de Cedel International… Qui deviendra quelques années plus tard (en 1999 exactement): Clearstream. Une chambre de compensation ? « C’est une banque des banques. C’est à la fois un facteur car ils transfèrent des fonds, et un notaire car ils enregistrent informatiquement les transactions. Disons qu’on a eu accès au secret des secrets », décrit le journaliste interrogé par Karl Zéro.
C’est Ernest Backes qui met Denis Robert sur la piste : « l’argent du terrorisme ne circule pas à travers des souterrains en Afghanistan, [mais] il est investi en actions et en obligations via des prête-noms. (…) Tout est contrôlé et enregistré !!! Il existe une boîte noire de la finance mondiale, [c’est] Cedel ! »
Lorsque Denis Robert et Ernest Backes ont publié le livre Révélation$ en 2002, sur les pratiques de Clearstream, une proposition d’enquête européenne a été refusée par le commissaire européen Fritz Bolkestein… Lequel « était au conseil de surveillance d’une banque russe, la Menatep, et cadre salarié du groupe Shell, des sociétés ayant toutes deux des comptes à Clearstream ». Bref, on croise tout au long de ce deuxième tome, des personnalités connues. Parfois, on se demande si l’auteur n’en rajoute pas un tantinet. Le pire, c’est que vraisemblablement pas !
« On voulait devenir des héros. On allait pourfendre l’antichambre du capitalisme mondial. Si quelqu’un m’avait dit que dans sept ans, j’allais être inculpé pour injures et diffamation, je lui aurais ri au nez… »
Malheureusement, la finance possède cette invulnérabilité qu’elle ne partage pas. Et si vous en voulez un bon exemple, voici donc l’affaire des affaires.
R.F.

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