mercredi 18 novembre 2009

DVD - Fellini au travail


DES DVD pour le plaisir par Gérard Camy


Avec ce coffret double DVD (Fellini au travail) dirigé par Sam Stourdzé, commissaire de l’exposition du jeu de Paume à Paris (« Fellini , la grande parade » jusqu’au 17 janvier) les éditions Carlotta explorent la fascinante carrière de ce cinéaste mythique en pénétrant sur ses tournages, en le surprenant dans son travail, en recueillant ses confidences et celles des professionnels qui ont travaillé avec lui. La somme impressionnante des documentaires présents sur les deux DVD permet cette passionnante exploration. La plupart de ces archives étaient inédites en DVD.


DVD 1 :
Bloc-notes d’un cinéaste (1969, 49’) de Federico Fellini.
Sorte de « Fellini par lui-même » qui poursuit la voie biographique ouverte avec , et se prolongera avec Amarcord, Les Clowns ou Intervista, ce film inédit longtemps considéré comme perdu, commandé par Peter Goldfrab pour la chaîne de télévision NBC en 1969 a été restauré dans sa version intégrale à partir des prises de vues en 16mm. Bloc-notes de cinéaste composé des souvenirs de scènes coupées, des envies de films à faire (Le voyage de Mastorna, un péplum burlesque et surtout le Satyricon qui se prépare), de rencontres avec des stars (Marcello Mastroianni, Giulietta Massina,…) mais surtout les seconds rôles rencontrés dans la nuit romaine ou qui viennent à sa rencontre dans son bureau.

Le journal secret d'Amarcord (1973, 43’). un film inédit de Liliana Betti et Maurizio Mein.
Liliana Betti et Maurizio Mein, fidèles assistants de Federico Fellini, lui proposent la réalisation d’un documentaire autour du tournage d’Amarcord. Ce dernier, d’abord réticent, accepte. Puis, c’est au tour de ses acteurs, figurants, assistants et collaborateurs de dévoiler petit à petit l’envers du décor.

E il Casanova di Fellini ? (1975, 73’) de Gianfranco Angelucci et Liliana Betti.
En quête d’inspiration pour son Casanova, Fellini demande à cinq comédiens de renom de lui donner sa propre interprétation du mythe. Toutefois, c’est le court entretien du début avec Bernardino Zapponi, le scénariste, qui donne le plus de clefs sur le personnage. Il explique à quel point Casanova est à l’opposé d’un vitelloni et combien il attirait Fellini qui ne voulait ni suivre ses mémoires ni faire la fresque attendue sur le 18ème siècle.

Suppléments :
Fellini au travail (26 mn) de Sam Stourdzé
Sam Stourdzé revient sur les sources d'inspiration dans lesquelles Fellini puisa largement. S’il exagère sans doute le mensonge permanent qui serait au centre de l'œuvre chez Fellini, ce dernier suivra toutefois les principes énoncés par le psychanalyste Ernst Bernhardt qui lui dira : "Vous dessinez bien, vous rêvez beaucoup, dessinez donc vos rêves".
Proposant à chacun de tourner dans ses films par petites annonces, Fellini range ainsi toutes les photos reçues (près de 10 000) selon une classification délirante : « visages intéressants, femmes plantureuses au visage sensuel, âgées, danseuses, filles naïves et drôles, les clowns, gueules ignobles, filles girondes et un peu putes, femmes sophistiquées et funèbres... »
Fellini et la publicité (9 mn). Pour Fellini, la télévision n'est qu’un succédané de cinéma. Il a néanmoins réalisé cinq publicités pour le compte de Campari, Barilla et Banca di Roma dans les années 80 et 90.

DVD 2 :
Fellini (1961, 132’) de Dominique Delouche et André Delvaux
Après le succès de La dolce vita, la télévision belge propose à Fellini de lui consacrer une série d'émissions. Le cinéaste accepte et suggère que son ami et assistant français, Dominique Delouche, conduise l'ensemble des entretiens. André Delvaux se charge lui du montage.
Découpée en quatre parties, l'émission raconte Fellini à travers son propre regard et celui de ses proches collaborateurs. La version originale de Fellini présentait de nombreux extraits de films. Sa diffusion et son exploitation étaient devenues impossibles pour des raisons de droits. Dans sa présente réédition, les extraits ont été remplacés par des photographies. La durée globale est passée de trois heures à 2h12. Absolument passionnant.
Première partie : son enfance, ses débuts : A partir du scénario non tourné de Viaggio con Anita, Dominique Delouche interroge Fellini sur sa jeunesse et les éléments autobiographiques (du collège au cirque installé sur une place, du lycée à Rimini à son travail de caricaturiste après la Libération, ses premières rencontres avec Roberto Rossellini et le comique Aldo Fabrizi qu’il accompagne en tournée) éparpillés dans ses films.
Deuxième partie : ses premiers films : Fellini au piano explique que la rengaine des Temps modernes a scandé son entrée dans le cinéma. Chaplin appartient à son patrimoine fantastique et sentimental comme Rossellini qui lui a révélé dans Rome ville ouverte et Païsa, le mode d'expression qui lui convenait. C’est d’ailleurs sur Païsa qu’il rencontre Martelli son opérateur de toujours. Fellini estime que ses premières expériences de cinéma sont plutôt bâclées et explique qu’il ne pensait pas faire carrière.
Troisième partie : ses films avec Giulietta Masina : Le réalisme magique des vagabonds de La Strada lui a été inspiré par Giulietta, sa façon d'être, de révéler un personnage et tout un monde autour d'elle. Il parle aussi de sa collaboration avec ses scénaristes, avec le compositeur Nino Rota et le costumier Gherardi. Il évoque aussi sa rencontre avec Pasolini et son amour pour les acteurs. (« Tout personnage vivant me convient mieux que le fantôme que j'avais en tête »). 
Quatrième partie : La dolce vita et le néoréalisme : Huit mois après la sortie de La Dolce Vita, Fellini s’interroge sur le scandale suscité par le film et son énorme succès qui divise alors l'Italie. Delouche interroge ensuite longuement le cinéaste sur le néoréalisme qui pour ce dernier décrit un monde, une société, dont les bases s'effritent. Il lui demande de réagir sur l’affirmation de Rossellini : "Le néoréalisme est un acte d'humilité devant la vie… et devant la caméra".

Ciao Federico ! (1970, 60’) de Gideon Bachmann.
Les conflits avec les acteurs comme des instants de complicité, les décors spectaculaires comme les scènes intimistes dirigées en direct : autant d’instants volés aussi personnels que riches. A voir en complément de Fellinikon présent dans les suppléments.

Suppléments :
Le premier mai international 1956 (7’), un hélicoptère qui transporte une statue du Christ inspire Fellini pour nourrir sa Dolce Vita.
Essai de Walter Santesso (3’), Un essai inédit de Walter Santesso, jouant Paparazzo dans La Dolce vita
Making-of de La Dolce Vita (5’), un document jusqu’alors inédit, dans l’intimité du tournage.
Fellinikon (17’), un court-métrage de Gideon Bachmann sur les préparatifs du tournage de Satyricon



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